VILLAGE TRADITIONNEL DE HRAJEL: REALISATION D'UN REVE
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Touch L’idée est simple: Mettre en valeur le patrimoine libanais et y faire participer l’ensemble de la population, fermiers et petits artisans. Originaire de Hrajel, Cynthia a tout de suite pensé à son village natal. C’est alors la course pour réaliser, avant la fin de l’été, ce qu’elle et sa collègue concevaient sur le papier. Le résultat est étonnant et exemplaire. Fruit d’une coopération de la municipalité qui a apporté un soutien financier (construction des gradins, des fontaines) et la ligue des festivals de Hrajel, ainsi que la ligue du patrimoine et du tourisme présidée par Elie Salloum, du Waqf de la paroisse el-Wardieh, des Scouts maronites de Hrajel, des Forces de Sécurité et de l’armée libanaise. Le terrain ayant été cédé par le Waqf de la famille el-Khazen, quelques sponsors: Sohat, Indevco, Banque Libano-Française, Schreder, (Al-Mashtal a “verdi” la place) et l’ardeur des jeunes filles... Bientôt, tous les habitants proposent leurs services. L’idée prend corps et le village de nos ancêtres voit peu à peu le jour.

Huit septembre, “l’autre” fête de la Vierge de la montagne libanaise, c’est l’ouverture. Sous un ciel quelque peu étoilé et au son de la cloche prêtée par un artisan de Mazra’at Yachouh, la représentante du ministre du Tourisme, Mme Huguette Tohmé; le président de la municipalité, M. Fawzi Khalil; le caïmacam du Kesrouan, M. Raymond Hitti et les notables de la région reçoivent dans un village du temps jadis qui se serait comme parachuté sur la localité montagneuse et rocailleuse du village.
Une exposition de photos, peintures, artisanat... sur le patrimoine libanais, sert d’antichambre à ce que nous allons découvrir. Bercés par les chansons traditionnelles du terroir, c’est avec plaisir et étonnement que nous visitons les villageois rassemblés, presque par hasard, tant ils ont l’air naturels en authentiques artisans: le fabricant d’arak à la face burinée devant sa “karké”, le meunier arborant fièrement sa “propre” labbadé, les ânons du coin, le cherwal du vieux ferronnier... Les vieux métiers de nos ancêtres s’étaient tous donné rendez-vous autour des cascades d’eau et des fours à saj. Les artisans évoluaient avec tant d’aisance, qu’il nous semblait vivre le Liban que nous racontaient nos grands-mères. C’est à peine si on ne voyait pas ces nobles et simples héros du temps jadis fumant le narguilé, accroupis sur les modestes diwans et les paillasses bariolées, l’œil vigilant vers leurs femmes affairées à leurs confitures et leurs conserves. Entre les suspensions d’ail et d’oignons, c’est tout le savoir-faire de nos femmes libanaises que proposaient ces simples gens: Epices odorantes, tisanes concoctées, marzipans fleuris, sirops colorés... Parmi les peaux de mouton, les sacs de jute, les plateaux d’osier et les cruches suspendues... Derrière leurs chaudrons, leurs pressoirs ou leur métier à tisser, avec leurs ustensiles primaires, les mains agiles exposaient nos métiers oubliés: confection du savon, décantation de miel, tissage de la laine, extraction de la farine...

Et de la margelle du puits à la fontaine qui chante, en passant par le central téléphonique, attendrissant de souvenirs, les habitants de Hrajel, fidèles conservateurs des traditions libanaises, étaient heureux ce soir-là. Ils inauguraient une semaine de festivités où combats de coqs, concours de tric-trac, jeux d’épée, zajal et autres habitudes ancestrales rappelaient le doux souvenir où il faisait bon vivre près de la nature.
Un succès bien mérité pour Sandra, Cynthia et les habitants de Hrajel.

Non moins de 30.000 personnes venues de tous les coins du Liban ont admiré le travail extraordinaire réalisé. Durant cinq jours, on s’est mêlé à la vie d’une localité de la montagne, bavardé avec ses habitants, dansé et bu aux rythmes d’une musique du terroir.
Dimanche 12 septembre, jour de clôture jusqu’à deux heures du matin, il y avait encore des dîneurs attablés autour d’un verre d’arak.
Ce que Sandra Zeidan et Cynthia el-Khazen ont réussi à faire en un temps record est appelé à être imité dans l’intérêt majeur de ce Liban où la vie rurale a un charme infini.