La capitale du Liban renaît! L’antique cité méditerranéenne se reconstruit avec une énergie bouleversante. Allez-y vite, pour découvrir ses nouveaux quartiers créatifs, son art de vivre raffiné. Et son incroyable goût de la fête.
C’est le rendez-vous des vrais amoureux du Proche-Orient
T. Hage/Office du tourisme du Liban
On flâne entre églises chrétiennes et mosquées…
Dans la cacophonie des Klaxon et l’air lourd, c’est ainsi qu’apparaît Beyrouth, la belle, la meurtrie, qui revit après trois décennies d’histoire tragique. On l’apprivoise à pied, pour acclimater son regard au mélange d’Orient et d’Occident qui l’avait rendue célèbre, et qui perdure. Rendez-vous sur la place des Martyrs, coeur de l’ancien Vieux Beyrouth, aujourd’hui reconstruit pierre par pierre. Sur les places, l’église maronite (catholique) côtoie l’orthodoxe et la mosquée. Et il est question de rouvrir bientôt la synagogue ! Si la politique n’y avait pas causé tant de fracas, le Liban serait un modèle d’intégration communautaire. En marchant, on glisse de ce qui fut la partie musulmane à la partie catholique sans presque s’en apercevoir. Bien sûr, la ville a changé. A la place des anciens souks, des commerces ouvrent partout. Dans la partie orientale de la ville, les marchés voisinent avec les boutiques de luxe, les bazars poussent au pied des grands hôtels. Et Beyrouth – qui compterait près de 2 millions d’habitants – se repeuple. Ça s’agite, ça vibre, ça chante – tant les accents sont mélodieux – l’arabe, l’anglais (appris dès la maternelle) et, chez 1 personne sur 2, le français. Aucune cité orientale ne donne une telle impression d’être à la fois ailleurs et chez soi.
Piel / Alpaca/ Andia.fr
Ballade sur les rivages de Byblos.
Se mettre à table est un art
Pour un repas, un vrai, prévoir trois ou quatre heures, à la libanaise! Début 2009, le must est la cuisine du restaurant Diwan Al-Sultan Brahim. Avec ses terrasses posées au bord de l’eau, juste derrière les quais, entre les longues tours modernes qui témoignent du renouveau du pays, c’est la nouvelle adresse design. On commande, on déguste, on recommande, on rit, on boit, on parle beaucoup, histoire de profiter de l’air du temps. Après les amuse-gueule, la conversation n’en finit plus de comparer les falafels (boulettes de légumes agrémentées ici de crabe), les petits rougets frits et le loup grillé, à rafraîchir de feuilles de menthe, de salade croquante et de radis. Au dessert, achta (crème de lait) à l’eau de rose, ou layal loubnan (nuits du Liban), un gâteau de semoule à la cannelle, à la pistache ou aux raisins. Quelques loukoums plus tard, un exquis «café blanc» (une cuillerée d’eau de fleur d’oranger dans une grande tasse d’eau chaude).
T. Hage/Office du tourisme du Liban
Rien de tel qu’un verre sur le bord de plage, comme ici au Sky Bar plage.
Même accueil chaleureux, et des mezze, que l’on dit les meilleurs de la ville chez Abdel Wahab, situé tout près de l’hôtel Albergo. Les deux autres très bonnes tables du moment se trouvent sur la Corniche, face à la mer. Le Casablanca y réinvente une fusion food bio mâtinée de tendance «est-ouest», et la jolie terrasse de la Plage sert de mémorables poissons. A savoir: le Liban est un pays où l’on peut fumer partout. Et les habitants ne s’en privent pas!
Même sur un volcan, Beyrouth danse
T. Hage/Office du tourisme du Liban
La nuit venue, on pousse les tables à l’Element, qui se mue alors en club trendy.
En matière de fête, les Libanais restent des professionnels. Les bars et les boîtes de nuit se multiplient. Tendance, ultradesign… Berlin et New York n’ont rien à apprendre aux noctambules de Beyrouth. On y boit ou non, selon sa religion, mais on s’y amuse follement. Commencez la virée vers 21 h 30 par un verre dans le quartier branché de Gemmayzé, au coeur de l’ex-Beyrouth Est (au Godot, au Dragon Fly, ou au 961 [l’indicatif téléphonique du pays]). Continuez à l’Element, quand le restaurant chic a réuni ses tables et se transforme en boîte trendy hyperbondée. Envie de calme ? Rejoignez la Centrale, sur la rue Mar Maroun, une maison libanaise ancienne enfermée dans un maillage de fer conçu par l’architecte Bernard Khoury. Son bar en terrasse, au toit tubulaire rétractable, vaut vraiment le coup d’oeil. Et, si le coeur vous en dit, allez attendre l’aube au Behind the Green Door, la nouvelle boîte glamour et sexy.
Godot, rue Gouraud, 961 (1) 57-57-70. 961, rue Gouraud, 961 (01) 56-05-46. L’Element, rue Damascus, 961 (3) 08-00-99. La Centrale, rue Mar Maroun, 961 (1) 57-58-58. Behind the Green Door, rue Gouraud, 961 (1) 56-56-56.
Dans le site grandiose de Baalbek, les préparatifs du Festival international de l’été prochain battent leur plein.
Ses créateurs bâtissent l’avenir
Il n’y a pas qu’Elie Saab dans la vie d’une modeuse! Les jeunes créateurs exposent dans de belles et grandes maisons libanaises bichonnées en de sublimes showrooms. Leur rendre visite est une manière magnifique de découvrir la ville et ses ruelles. Nos préférés parmi les créateurs sont ceux qui soutiennent à leur mesure l’avenir du Liban. Le quartier du centre-ville, reconstruit par la Société libanaise pour le développement et la reconstruction (Solidere) de Rafiq Hariri, ex-Premier ministre assassiné en 2005, est le spot de tous les nouveaux et jeunes créateurs (Milia M pour les vêtements, Johnny Farah pour les cuirs). Rabih Kayrouz y dessine des robes comme des pétales de fleur (et expose des étudiants stylistes à Saifi Village). Mais, surtout, ne manquez pas Sarah’s Bag, dont les sacs sont faits pour les plus pointues des fashionistas. Sarah, après une carrière de sociologue, fournit formation et travail à d’anciennes prostituées qui refont leur vie après avoir purgé leur peine… Un bel exemple d’entreprise éthique !
Baalbek et Byblos sont à couper le souffle
De Beyrouth, la route de Damas traverse la plaine étroite de la Bekaa et ses vignobles. L’incroyable variété de paysages du Liban défile. Vous avez quitté la mer, et de l’immense plaine, vous apercevez les montagnes enneigées. Une heure et demie plus loin, voici les ruines de Baalbek. Le site est à couper le souffle. Les nuages s’accrochent sur les six colonnes du temple de Jupiter, qui semble vaciller. Le temple de Bacchus brouille les échelles et les repères : immense, il rappelle que Baalbek est le plus colossal des temples romains jamais construits. Le soir, grimpez les 950 mètres de la montagne du Chouf jusqu’à la terrasse du Palace Mir Amin, pour admirer la vue sur la vallée.
T. Hage/Office du tourisme du Liban
A Byblos, la forteresse des croisés.
A 40 kilomètres à peine au nord de Beyrouth, autre pèlerinage incontournable: Byblos. La route suit les plages où les Libanais viennent fumer le narguilé entre amis ou en famille en regardant les vagues, jusqu’au site archéologique. Les ruines roses de Byblos plongent jusqu’à la mer où l’on imagine sans peine les goélettes phéniciennes qui importaient le papyrus d’Egypte pour le distribuer tout autour de la Méditerranée. Du 4 juillet au 13 août s’y déroulera le Festival international. Poussez jusqu’au joli petit port de Batroun, aux airs de Saint-Tropez avant les yachts et les badauds. Rendez-vous chez Maguy, la paillote au bord de la Méditerranée, au coucher du soleil. Les grosses crevettes rayées frétillent dans les cageots avant de passer au gril. Pas de menu, la patronne cuisine la pêche du jour à la bonne franquette. Requinqué, vous êtes prêt pour regagner les folles nuits de Beyrouth.
Ne pas oublier Jounieh et La Creperie Restaurent qui represente LE PATRIMOINE LIBANAIS