by Michel Toum, L
Il reste que l’ensemble de ces réalités ne justifie pas pour autant de faire, objectivement, le jeu de la Syrie au Liban. Dès la formation du cabinet Siniora, Damas n’a pas tardé à announcer la couleur en multipliant les embûches sur la voie du nouveau pouvoir (la première mesure ayant été la fermeture des frontières terrestres) et en menant une campagne haineuse contre Fouad Siniora. Les attaques des dirigeants et de la presse de Damas contre le chef du gouvernement et les forces du 14 Mars n’ont jamais cessé et le président syrien Bachar el- Assad a déclaré publiquement et explicitement à plus d’une reprise (notamment dans un discours devant l’Assemblée du peuple) que son objectif est d’obtenir aussi bien l’éviction de Fouad Siniora que le déboulonnement de la majorité issue de la révolution du Cèdre. La motivation des Syriens sur ce plan est double: se venger des fractions que ont mené l’intifada de l’indépendance et tenter de réintroduire leurs acolytes locaux au sein d’un nouveau gouvernement, d’une part, et torpiller le tribunal international, d’autre part. En menant campagne comme il le fait depuis plusieurs mois contre Fouad Siniora et la majorité et en descendant dans la rue pour obtenir le départ du gouvernement, le général Aoun a repris à son compte la meme cible que
Mais il ne faut pas se leurrer. Le danger réside non pas dans un come-back militaire, mais plutôt dans une nouvelle infiltration politique au sein même du pouvoir exécutif par le biais des suppôts libanais du régime syrien. Ce dernier ne laissera sûrement pas passer l’occasion unique que la fronde actuelle lui offre et ne manquera pas de se réintroduire au sein du gouvernement grâce à la complicité d’un président de la République qui lui est resté fidèle. Ce n’est pas un hasard si les alliés les plus loyaux de Damas, à l’instar de Abdel-Rahim
Mrad et Wi’am Wahhab, ont rejailli à la surface à la faveur de la campagne déclenchée contre Fouad Siniora, le gouvernement et la majorité. Parallèlement, les incidents survenus ces dernières quarante-huit heures à Beyrouth, qui ont été marques par l’arrestation de fauteurs de troubles syriens, mettent en evidence la nature du come-back sur lequel risque de déboucher le mouvement déclenché par l’opposition. Si l’on ajoute à ce spectre d’une « revanche syrienne » la dimension purement iranienne d’un renforcement accru du Hezbollah, dans le sillage de la tentative de coup de force en cours, il ne serait pas difficile de réaliser qu’à force de jouer avec le feu, on finit très souvent pas se brûler les bras.
Michel Touma