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L’orient Le Jour, Finances publiques : que s

EDL : un coût total de 11,3 milliards de dollars
En détail, le ministre des Finances a évoqué les différents volets des comptes de l’État libanais. Au niveau des dépenses, il a d’abord évoqué les efforts entrepris ces cinq dernières années pour freiner les dérapages, notamment ceux des années 1993-96, soulignant qu’en 2005, les dépenses publiques étaient en baisse de 1,6 % par rapport à 2002. Mais les besoins après la guerre de juillet, combinés à la disparition des effets de Paris II en termes de service de la dette et l’aggravation du déficit de l’EDL, ont relancé les dépenses à la hausse en 2006.
Les transferts à l’EDL sont ainsi passés de 277 milliards en 2001 (soit 3 % du total des dépenses) à 1 422 milliards l’année dernière (12 % du total). À ce propos, M. Azour a souligné que les dépenses liées à l’EDL en 2006 ont représenté 55 % des charges salariales de l’administration. Il a également affirmé que les transferts à la compagnie publique entre 1993 et 2006, qui ont totalisé environ 3,8 milliards de dollars, ont entraîné des coûts cumulés en termes de taux d’intérêt estimés à 7,5 milliards de dollars. « Le financement du déficit de l’EDL aura ainsi coûté 11,3 milliards de dollars », a-t-il conclu.
D’un autre côté, les dépenses sociales ont plus que doublé entre 2001 et 2006, pour atteindre 767,6 milliards de livres, soit 7 % du total, notamment en raison des transferts à la CNSS qui se sont élevés à environ 580 milliards de livres entre 2004 et 2006.

Parallèlement, les dépenses d’investissements sont passées de 283 milliards en 2001 à 408 milliards en 2004 auxquels se sont ajoutés environ 270 milliards de financements extérieurs. Les investissements ont ensuite diminué ces deux dernières années, les budgets n’ayant pas été préalablement votés.

Paris II : baisse temporaire du service de la dette
Abordant en particulier le service de la dette, le ministre a indiqué que ce poste avait atteint un record en 2001, date à laquelle il représentait environ 48 % du total des dépenses. En 2005, cette part est redescendue à 33 %, grâce aux prêts bonifiés d’environ 2,4 milliards de dollars reçus à Paris II, et à la participation des banques locales qui a permis d’assurer des financements de l’ordre de 3,6 milliards de dollars à taux zéro durant deux ans. La conférence de Paris II a permis de faire reculer la moyenne des taux d’intérêt sur les bons du Trésor en livres sur le marché primaire à des niveaux historiques, a poursuivi M. Azour. Les taux d’intérêt moyens sont ainsi passés de 16,64 % en octobre 2002 à 7,74 % en février 2005. Cette moyenne est ensuite remontée à 8,5 % après l’assassinat de Rafic Hariri, et s’est maintenue depuis à ce niveau.
Grâce à Paris II, le service de la dette a donc baissé de près de 20 % entre 2000 et 2005. Mais lorsque ses effets se sont estompés, le coût de la dette a de nouveau bondi d’environ 30 % en un an, pour atteindre 4 343 milliards de livres en 2006. Le gouvernement a donc décidé de renouveler l’expérience avec Paris III.

Les recettes dopées
par la TVA
Du côté des recettes, en revanche, les nouvelles sont plus positives, notamment grâce à une amélioration de la collecte fiscale et à l’instauration de nouvelles taxes. Entre 2001 et 2006, les recettes de l’État ont ainsi augmenté de 57,5 %. À elle seule, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) a représenté près de 22,7 % du total des recettes en 2006, devenant avec les recettes des Télécoms l’une des principales ressources du Trésor.

La dette a décuplé en 13 ans
Gardant le « meilleur » pour la fin, le ministre a enfin abordé l’épineux problème de la dette. Fin 1992, la dette libanaise s’élevait à 5 400 milliards de livres, soit environ 3,8 milliards de dollars au taux de change actuel. En 13 ans, ce montant a été plus que multiplié par dix, pour atteindre 39,5 milliards de dollars en 2006.
Au cours de cette période, M. Azour a identifié quatre phases distinctes : entre 1992 et 1998, la dette a augmenté de 13 930 milliards de livres, soit une croissance annuelle de 1990 milliards. Entre 1998 et 2000, la dette a bondi de 5 954 milliards, soit 3 000 milliards de livres par an, la moyenne la plus élevée de ces 13 dernières années. Entre 2001 et 2003, le rythme de croissance de la dette a ralenti à 2 800 milliards par an en moyenne. Enfin, entre 2003 et 2005, le ralentissement s’est poursuivi avec une croissance moyenne de 2 520 milliards de livres par an.
Le ministre a toutefois tenu à préciser que durant ces 13 dernières années, l’État a supporté des coûts importants pour financer la dette de base (de 5 400 milliards fin 1992) alors que l’État n’a jamais pu dégager un excédent budgétaire lui permettant de rembourser ne serait-ce qu’une partie de cette dette. Selon lui, sans cette charge initiale et ses taux d’intérêt cumulés sur la période, la dette actuelle du pays serait d’environ 22 milliards de dollars, soit 55 % de son montant en 2006.
M. Azour a reconnu que le ratio de la dette sur le PIB du Liban est aujourd’hui l’un des plus élevé au monde, mais il a préféré finir sur une note positive.
Il a ainsi souligné la décélération de la croissance de la dette depuis 2002 grâce à la compression des dépenses, à la réalisation d’un excédent primaire, et à la baisse des taux d’intérêt après Paris II. Ces facteurs ont entraîné le recul de la part du service de la dette de 17 % du PIB en 2001, à 10 % en 2005, a conclu le ministre.